
Marseille, mardi 7 juillet
Il est inacceptable que vous soyez punis par le Ministre et la hiérarchie de l'Education Nationale alors que, par votre décision intelligente et responsable, vous n'avez pas voulu être complice de la nouvelle forme de maltraitance constituée par le temps de soutien après la classe, dit aide personnalisée, qui doit être consacré obligatoirement aux apprentissages dits fondamentaux (français, calcul, mathématique).
Mieux que quiconque, vous savez en effet que, à la fin du temps scolaire, les enfants en difficulté sont épuisés, enfermés dans leurs peurs, échecs, blocages et inhibitions, dans leur anxiété, leurs angoisses ... surtout lorsqu'ils se projettent dans le retour à la maison alors que leur milieu familial est en souffrance. Beaucoup le sont déjà au début de l'après-midi ou même, pour les plus fragiles, vulnérables et démunis, dès la fin de la matinée comme le montre l'observation des enfants accueillis dans les écoles de ZEP. Seuls les enfants qui vivent au quotidien dans la sécurité affective, sans déficits de sommeil et sans comportements "perturbés" et/ou "perturbateurs", peuvent être suffisamment vigilants, attentifs, réceptifs et disponibles au cours de l'après-midi pour capter et traiter les messages du maître, et ainsi se réaliser pleinement comme élèves. Et encore, pas tous les jours selon les fluctuations de leurs équilibres physiologiques, émotionnels, affectifs, sociaux et cognitifs. Tous ont envie de changer de « planète » à 16h.30. La très grande majorité des enseignants … également.
Votre refus d'enfermer après la classe les élèves en difficulté dans des situations d'apprentissage formel qui vont aggraver leurs difficultés, est une prise de responsabilité humaniste et civique qui vous honore. Elle montre la voie pour que les enfants en difficulté ne soient pas encore plus épuisés, démotivés ... et finalement, au fil des jours, psychologiquement et intellectuellement détruits par la journée la plus longue du monde (six heures de temps contraint).
« L'addition » quotidienne de l'aide personnalisée aux enfants en difficulté scolaire augmente encore la durée de la journée scolaire la plus longue du monde … en particulier pour ceux qui peinent à mobiliser leurs ressources intellectuelles afin de comprendre et d'apprendre, et aussi pour les enseignants eux-mêmes. Comment peut-on penser qu'une aide après la classe, fût-elle personnalisée, puisse être utile ou efficace pour les élèves dont la fatigue, le manque de vigilance et d'attention, et l'absence de motivation sont évidents à 16h.00, souvent dès le début de l'après-midi ou même à la fin de la matinée (c'est évident dans les écoles des ZEP) quand ils sont « installés » dans l'échec scolaire ?
Les dégâts viennent s'ajouter aux dégâts générés par l'accroissement de la pression intellectuelle et relationnelle avec le poids augmenté au quotidien de la fréquence et de la durée des apprentissages dits fondamentaux, dans le cadre combiné d'une semaine ramené arbitrairement à quatre jours (il faut faire en quatre jours ce qui était fait en quatre jours et demi) et de nouveaux programmes imbéciles. Il n'y a plus de temps de décompression et de respiration au cours de la journée alors qu'il est indispensable pour que tous les enfants, surtout ceux qui sont en difficulté, puissent récupérer au moins un peu de leurs fatigues psychologiques et intellectuelles, et restaurer peu ou prou leurs capacités d'attention, de concentration intellectuelle et de traitement de l'information. Il n'y a plus assez de temps pour que les enfants puissent libérer leurs émotions, leurs sensibilités, capacités et intelligences cachées, ainsi que la richesse de leur imaginaire, pourtant évidentes lorsqu'il s'engagent dans les arts plastiques, le chant choral, la narration, la découverte de la nature, les particularités de la vie végétale et animale, l'histoire captivante de nos ancêtres et du monde, les modes de vie dans les différentes cultures humaines ... Les enfants apprennent aussi bien le français, ou mieux, au cours de ces temps de diversification et de découverte que dans les situations d'apprentissage formel et explicite de la langue. Bien évidemment, les enseignants le savent. Les Professeurs des écoles ont donc raison de proposer l'un ou l'autre de ces champs de découverte et de plaisir au cours de la demi-heure d'aide personnalisée, alors que leurs élèves sont « intellectuellement plus que saturés ».
Les Scandinaves sont horrifiés.
En imposant sans concertation la semaine de quatre jours, l'augmentation délirante du poids des "fondamentaux" et le soutien accordé après la classe aux enfants en difficulté, le Ministre et la hiérarchie de l'Education Nationale déshumanisent l'école, accroissent les inégalités et injustices sociales, en conduisant un nombre croissant d'enfants à s'enkyster dans "le désamour" pour l'école et son rejet, et ainsi plus ou moins progressivement dans la marginalité sociale. Ce "système" aberrant et "concentrationnaire" stigmatise les familles qui cumulent les difficultés personnelles, morales, familiales, sociales et culturelles. C'est une honte pour notre pays ... en principe l'un des berceaux des Droits de l'Homme. Les étrangers que je rencontre ne comprennent pas ce "système". On n'aurait pas agi autrement si on avait voulu pérenniser une école à plusieurs vitesses dans laquelle les plus fragiles, vulnérables et démunis ne peuvent même pas passer la première vitesse, et s'engager avec confiance dans le désir de comprendre et d'apprendre faute de pouvoir enclencher les vitesses supérieures qui permettent d'accéder aux différents niveaux des savoirs et des connaissances.
Aucun pays au monde n'a institué une journée scolaire aussi pénalisante pour les enfants en difficulté dans le cadre d'une semaine qui n'en est pas une : deux jours scolaires (lundi et mardi), un jour non scolaire (mercredi : peut-on encore le justifier par la catéchèse, prévue le jeudi il y a trente ans ?), deux jours scolaires (jeudi et vendredi), et deux jours de week-end. Dans ce cadre, tout le monde sait que le lundi est un jour très perturbé et perturbant (beaucoup d'enfants sont somnolents, en tout cas non vigilants et/ou agités). Quelle illusion et/ou quel manque d'honnêteté de penser qu'une demi-heure supplémentaire d'aide personnalisée après la classe, notamment le lundi, puisse faciliter la maîtrise du français, du calcul et des mathématiques en situation d'apprentissage formel. Tous les enseignants savent que c'est une mission impossible.
Le tribunal incontournable de Histoire retiendra que l'actuel Ministre de l'Education Nationale, ses conseillers patachons et idéologues, et sa hiérarchie vassalisée ont institué un système de maltraitance, de stigmatisation, de culpabilité et d'exclusion implicite qui déshonore notre pays et notre nation.
Il n'y a jamais eu autant d'Inspecteurs d'Académie révoqués qu'en 2008-2009 alors que leur "'faute" a été d'entendre et d'essayer de comprendre la décision et le désarroi des enseignants, notamment ceux que l'on dit « désobéisseurs ». Les informations qui "remontent du terrain" montrent toutes qu'il n'y a jamais eu autant d'enfants épuisés et déboussolés, et aussi d'enseignants exténués, stressés, démoralisés et culpabilisés par les échecs persistants des élèves les plus fragiles, vulnérables et démunis. Les lettres qu'ils adressent à leurs édiles, souvent le ou la maire, sont pathétiques et souvent bouleversantes. La porte est béante pour la consommation accrue de somnifères, calmants, psychotropes ... des enfants, de leurs parents inquiets ou désespérés et de leurs maîtres ... qui perdent confiance dans leurs compétences. Faut-il préciser que les Français sont déjà les plus grands consommateurs de ces molécules !
Par leur refus, les « désobéisseurs » sauvegardent la dignité de l'école. Merci.
Le présent courriel peut être diffusé sans retenue.
Avec toute ma solidarité,
Hubert Montagner
Professeur des Universités en retraite
Ancien Directeur de Recherche à l'INSERM
Ancien Directeur de l'Unité de recherche « Enfance Inadaptée de l'INSERM
La FCPE Paris présente « Bruits et Fureur » avec Valérie Pécresse et Xavier Darcos . C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui, investis d’une mission par le grand chef de la tribu, ont décidé par diverses actions de casser l’école et l’université. Rien ne les arrête, ni les cris des anciens acteurs du MEN, Jacques Lang et François Bayrou, ni les protestations des parents, des élèves et des enseignants. Leur décision est irréversible, l’objectif est de livrer rapidement, de la Maternelle à l’Université, le service public d’éducation à la sphère du privé.
Mais ce n’est pas un film, c’est la triste réalité.
Les réformes passent. L'école, de la maternelle à l’université, et les IUFM trépassent. Depuis, plus d’un an, les mobilisations se succèdent, sous différentes formes, sans pour autant obtenir satisfaction, mis à part quelques reculs partiels. Elles en appellent d'autres, de plus grande ampleur, pour pouvoir imposer le retrait de ces contre-réformes. Surtout, elles nécessitent la mise en avant d'un autre dessein pour l'avenir de l'école publique, d'un autre projet politique pour l'éducation nationale, pour l'avenir de nos enfants.
C'est maintenant que nous devons, la communauté scolaire, tous ensemble nous retrouver pour faire échec à la politique mise en place. L’école n’est pas une entreprise, le savoir n’est pas une marchandise. Cette politique libérale se traduit par des résultats immédiats et pénalisants pour nos enfants : suppressions de postes, suppression d’heures d’enseignement, disparition des réseaux d’aides, mise en cause de la maternelle, programmes surchargés et rythmes scolaires inadaptés, suppression de la carte scolaire, mise en compétition des établissements, fragilisation de l’enseignement professionnel, atteintes à la formation des enseignants et menaces constantes. L’école n’est pas une charge à réduire, c’est un investissement pour l’avenir. Tous les enfants sont éducables sans discrimination ni concurrence et ont droit à une école de qualité, dans tous les quartiers.
A Marseille, à Toulouse, à Montpellier, à Paris… les pressions de toute sorte contre les enseignants désobéisseurs s’intensifient et les sanctions financières à leur encontre ne cessent de pleuvoir. Au lieu d’engager le dialogue dans un esprit constructif, les inspections académiques s’enferment dans une répression disproportionnée visant à faire rentrer dans le rang les enseignants qui, en conscience, refusent d’appliquer les dispositifs et les programmes pédagogiques qui remettent en cause le sens profond de leur mission.Malgré cette répression, les enseignants désobéisseurs n’abandonnent pas leurs convictions pour faire vivre, chaque jour, une école de la solidarité et de la réussite pour tous. Ils ont le soutien massif des parents d’élèves. Une caisse de solidarité nationale a été mise en place afin de soutenir les enseignants sanctionnés par des retraits de salaire et leur permettre de ne pas céder. Et ils ne céderont pas !L’heure est grave ! Il est minuit moins cinq dans la nuit où le gouvernement a programmé la mort de l’école de la République. Il n’est pas fatal que cette heure sonne.C’est pourquoi les enseignants en résistance pédagogique appellent solennellement :· les enseignants du primaire à amplifier et à radicaliser le mouvement de résistance au démantèlement de l’école publique, par la désobéissance pédagogique ciblée et affichée.· les syndicats à reprendre à leur compte le mot d’ordre de la désobéissance civile pour faire échec aux lois qui déconstruisent le service public d’éducation.· les parents d’élèves à multiplier les initiatives de protestation et de blocage susceptibles de faire pression sur l’autorité hiérarchique qui reste sourde au dialogue.· les citoyens à exiger un grand débat national et des Etats généraux de l’éducation pour penser l'avenir de l'enseignement public, de la maternelle à l’université.· les élus à s’engager instamment à défendre l'intérêt du peuple, en sauvegardant le système éducatif français.Les enseignants du primaire en résistance pédagogique appellent la société civile à l’insurrection non-violente afin de faire barrage à la destruction de l’école publique et défendre l’intérêt de l’enfant avant tout au sein d’une école du progrès pour tous.Ils appellent à une 3ème journée de la désobéissance dans l’Education Nationale le mercredi 6 mai, après celles du 17 décembre et du 11 mars. A cette occasion, le seuil symbolique des 3 000 enseignants désobéisseurs sera atteint, ce qui représente le plus important mouvement de désobéissance civile que l’Education Nationale ait jamais connu.La victoire est possible si nous le voulons ! A nous de le décider, en pensée et en actes !
Mouvement des enseignants du primaire en résistance
fédérés par le blog Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école
M. le Ministre a beau affirmer que les enseignants désobéisseurs sont sans importance, l'administration de l'éducation nationale continue à sanctionner. Dérangerions-nous quand même ? Je viens de prendre connaissance, par courrier recommandé, du premier écrit que M. l'Inspecteur d'Académie de l'Hérault me fait parvenir. Cette lettre m'informe d'une sanction disciplinaire pour , je cite, avoir « contrevenu à l'application de l'arrêté du 20 octobre 2008 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel relatif au pilotage et à la gestion des élèves de l'enseignement du 1er degré », pour avoir « refusé de transmettre les dossiers des évaluations des élèves de CM2 », et pour avoir « dérogé au devoir de discrétion professionnelle auquel [je suis] tenue ». Me voilà amenée à sortir à nouveau de ma discrétion naturelle. En conscience, comment pourrais-je compléter Base élèves, puisque c'est le traitement automatisé dont il est question, quand les parents des élèves de l'école sont de plus en plus nombreux à me demander de ne pas renseigner les données concernant leurs enfants ? Comment pourrais-je utiliser cette base informatisée quand six organisations nationales (dont la Ligue des droits de l'Homme et la FCPE) demandent à rencontrer M. Darcos à ce propos ? Comment pourrais-je obéir sans hésitation quand l'ONU fait part à l'Etat français de plusieurs interrogations quant à l'usage des données ainsi recueillies ? En conscience, pourquoi exposerais-je les élèves de CM2 de l'école où je travaille à un premier fichage de leurs résultats scolaires alors que nous avons su jusqu'à présent centraliser des résultats anonymes qui permettaient des traitements statistiques à l'échelle nationale, et humains au niveau des écoles ? Pourquoi ferais-je circuler des données informatiques quand la CNIL elle-même n'avait pas rendu d'avis favorable au moment où l'administration pressait les directeurs de saisir ces résultats ? Je n'ai, à ce jour, aucune réponse qui puisse modifier les décisions que j'ai prises. Je vais donc continuer à garder à l'école les données qui concernent l'école, les élèves et leur famille. Malgré les dénégations publiques de M. le Ministre, c'est un mouvement qui se construit, et qui devra être entendu pour que soient données, entre autres, des réponses à ces questions qui mettent en jeu la sérénité indispensable aux apprentissages de chaque enfant au sein de l'école publique française. A Saint Christol, le 16 avril 2009. Isabelle Huchard et aussi un article dans Montpellier journal, avec interview de l'Inspecteur d'Académie, en bon chien de garde d'une insitution chancelante http://www.montpellier-journal.fr/2009/04/desobeissants-une-directrice-decole-sanctionnee.html |
Extrait du discours de JL Nembrini, directeur général de l’enseignement scolaire, du 30 mars :
En revanche, les résultats des écoles, comme ceux des circonscriptions, ne sont pas rendus publics.
Ce sont des informations utiles aux directeurs d’écoles et aux inspecteurs, mais qui resteront à ce niveau. Leur utilisation est strictement pédagogique.
Encore une fois, il s’agit d’améliorer les résultats des élèves, et en aucun cas de classer les écoles.
Je l’ai déjà annoncé, le volume des remontées est suffisamment important pour tirer d’utiles observations.
Nous avons aujourd’hui les résultats anonymes, de plus de 550 000 élèves (très précisément 553 263).
Si tous les résultats exploitables nous étaient parvenus, nous en aurions atteint 700 000 environ.
Compte tenu de l’opposition de certains groupes de professeurs au principe même de cette évaluation, compte tenu aussi de l’ampleur technique d’une telle opération, c’est tout à fait satisfaisant.
Nous disposons d’un peu plus de 78 % du total attendu, ce qui constitue une base suffisante pour permettre le pilotage pédagogique que je viens d’évoquer....
Le pourcentage d’élèves qui sont au niveau attendu ou au-delà, à cette période de l’année, par rapport aux programmes sont 75 % en français et 65 % en mathématiques.
Et en même temps, le nombre d’élèves qui éprouvent de sévères difficultés en français est de 7% : ce sont ces élèves qui seront pris en charge par les enseignants dans le cadre des aides personnalisées. Et qui le sont probablement déjà pour la majorité d’entre eux. S’agissant de la langue française, il faut agir vite et massivement.
En mathématiques, le nombre d’élèves qui éprouvent de sévères difficultés est de 15%.
C’est plus une confirmation qu’une surprise, un gros effort doit être fait pour les mathématiques.
Chaque graphique présenté fait aussi apparaître le pourcentage des élèves qui ont de très bons résultats, et ils sont fort heureusement bien plus nombreux : 45% en français et 35% en mathématiques.
On le voit notre école fait réussir beaucoup d’élèves.
Mais les maîtres, pour assurer à tous la réussite, avaient besoin d’un dispositif efficace de prise en charge des difficultés d’apprentissage. C’est le but de l’aide personnalisée.